lundi 13 mai 2013

Mardi du livre du mois de mai

Le mardi 7 mai s'est déroulé le mardi du livre, comme chaque mois, au Café, à Amiens. Ce mois ci, beaucoup d'ouvrages très intéressants présentés par les participants, dont voici le compte rendu. Au programme : Einstein, de la physique, des thrillers... ça déménage dans les bibliothèques ! 

 

Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, de Jonas Jonasson. Ce livre est tout simplement addictif ! Impossible de lâcher ce roman pour celui qui l'a commencé. Il nous entraîne dans le sillage d'un centenaire qui, refusant de fêter son anniversaire, fugue de sa maison de retraite. Il va lui arriver moult aventures en compagnies de personnages atypiques et l'on va découvrir la vie incroyable qu'il a mené. Blandine, qui nous a présenté ce livre, qualifie le personnage principal de "James Bond de la dynamite". En effet, il était spécialiste en explosifs et il a voyagé dans le monde entier, rencontrant les grands de ce monde durant les périodes troubles de l'histoire du 20ème siècle. Pour ajouter à l'intérêt de l'intrigue, le livre est extrêmement bien documenté historiquement parlant et parachève d'éventuelles lacunes en histoire du 20ème siècle.


Mapuche, de Caryl Féry. L'histoire se passe en Argentine. On y découvre les exactions commises sous la dictature, notamment les enlèvements d'enfants, les disparitions, l’accaparement des terres, l'usage de la torture.... Le livre est parfois difficile à lire car il comporte des scène cruelles. On y suit des personnages qui tentent d'élucider le meurtre d'un travesti et qui pour ce faire, remontent dans le sombre passé du pays. Le livre est très bien documenté et permet de comprendre l'histoire récente de l'Argentine. 



La vie vient-elle d'une autre planète ? de Gerda Horneck. Cet article, présenté par Cyrille, parle de l'apparition de la vie sur terre. Cette question, qui reste à ce jour non résolue, passionne depuis l'Antiquité. Anaxagore, philosophe grec (500-428 avant JC), avait formulé la théorie de la panspermie, qui fut reprise au 19eme et étudiée ici par l'auteur de l'article. La panspermie affirme que la Terre aurait été  fécondée de l'extérieur, par des moyens extraterrestres. Gerda nous apprend qu'il est en effet possible théoriquement que des micro-organismes voyagent d'une planète à l'autre et que par conséquent, les micro-organismes à l'origine de la vie sur terre pourraient être venus d'une autre planète. Avis aux amateurs du genre, Cyrille peut vous donner la référence de l'article !

Gerda Horneck

La formule de Dieu, de José Rodriguez Dos Santos. Ce roman d'espionnage débute avec la découverte d'un écrit scientifique dans lequel Einstein aurait écrit la "formule de Dieu", à savoir la formule de la bombe atomique. Entre Israël, l'Iran, l’Égypte et le Portugal, on voyage à la recherche de ce mystérieux document et on se pose des questions sur l'origine du monde, le temps, l'espace. L'aspect scientifique prend parfois le dessus sur le romanesque et Pauline a été déçue par la fin mais elle le conseille tout de même aux fans d'espionnage et de sciences.


 Julian Corkle est un fieffé menteur, de D. J. Connel. L'histoire se passe en Tasmanie dans les années 1970. On y suit un petit garçon dont la mère veut qu'il devienne une star de la chanson tandis que son père le voit plutôt comme un grand sportif. Or, il ne répond en rien à leurs désirs car lui rêve de devenir coiffeur. Homosexuel, il a du mal à s'adapter dans le monde où il vit, où l'homosexualité est considérée comme un crime. Le livre est sympathique. 


Hortillonnages et hortillons, de Pierre Leuleu. Le livre est un hommage aux hortillonnages d'Amiens, ces jardins maraîchers qui existent depuis fort longtemps. De magnifiques photographies retracent l'histoire de ces lieux et de ceux qui les exploitent (appelés les hortillons). Il nous apprend qu'il existe une association de sauvegarde qui a été mise en place il y a environ trente ans, alors qu'un projet menaçait de les détruire. Il s'agit vraiment d'une invitation à la balade le long des chemins de halage, écrite par un passionné. L'auteur, propriétaire d'une parcelle est également libraire. Il tient la librairie Le Labyrinthe, à Saint Leu, qui est une VRAIE librairie, avec des ouvrages de qualité et des conseils avisés. En sus, elle est ouverte le soir jusqu'à 23 heures ! Faîtes un petit tour sur le site : http://www.librairiedulabyrinthe.fr/librai.htm


Personne n'y échappera, de Romain Sardou. Ce livre est un thriller palpitant, duquel on veut absolument connaître la fin. Il y a tout le temps des rebondissements, on ne s’ennuie pas. L’auteur est le fils du fameux chanteur et il a déjà écrit plusieurs ouvrages, de tous les genres, toujours intéressants. L’histoire commence avec la découverte de 24 cadavres dans une petite ville des États-Unis, tous tués d’une balle de révolver et alignés dans un trou d’un chantier de construction. C’est l’hiver, il neige et la police locale est ahurie devant un tel méfait, d’autant plus qu’il semblerait que les victimes n’aient opposées aucune résistance. En parallèle, on suit un jeune professeur qui vient d’obtenir une promotion dans une université privée de la même région. Il arrive pour prendre son poste le soir même de la découverte des 24 cadavres. L’université est très particulière, elle a été fondée par un richissime excentrique et offre un cadre idyllique, les étudiants sont triés sur le volet. Très vite, le professeur va se retrouver mêlé à l’enquête... 


Vers la sobriété heureuse, de Pierre Rabhi.
Pour ceux qui ne connaissent pas Pierre Rabhi, il est né en 1938 en Algérie. Au début de cet ouvrage, il nous parle de sa vie : né dans une oasis, il perd sa mère à 4 ans. Son père, forgeron, a des difficultés à subvenir aux moyens de sa famille lorsque les français ouvrent une mine dans la région car cela bouleverse l’économie locale. Tous les hommes partent travailler à la mine pour avoir l’argent facilement et son métier de forgeron n’est plus rentable. Il part donc lui aussi travailler à la mine et Pierre sera fortement marqué par cette destruction du milieu naturel et économique de son village, qui est son premier contact avec les réalités économiques et la « modernité » qui s’instaure alors, créant de nouveaux besoins et de nouvelles envies parmi les villageois.

Son père le confie à une famille française à l’âge de 14 ans afin de lui assurer un meilleur avenir. Durant son adolescence à Oran, il se convertit au catholicisme, lui qui vient d’une famille musulmane. Durant la guerre d’Algérie, il se fâche avec son père adoptif et part s’installer à Paris où il travaille comme ouvrier. En 1960, il décide de partir s’installer dans les Cévennes avec sa femme, car la société de consommation et l’aliénation qu’elle entraîne ne lui conviennent pas. A partir de là, travaillant la terre, il va commencer à développer dans des ouvrages ses idées de simplicité, de vie en harmonie avec la nature et de renoncement à l’économie libérale et à la société de consommation (alter mondialisme). Il va effectuer plusieurs voyages dans des pays d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb afin d’apporter son aide à des paysans locaux. Son action est reconnue par l’ONU, qui le mandatera sur ces sujets. Il parcourt la France et de nombreux pays pour animer des conférences.

En 2007, il a créé le Mouvement Colibris, dont la mission est d'aider chacun à construire, à son échelle, de nouveaux modèles de société fondés sur l’autonomie, l’écologie et l’humanisme. Tout un chacun peut adhérer à ce mouvement gratuitement et je vous invite à visiter le site internet. L’idée est que si tout le monde fait un petit geste pour changer les choses, alors c’est ainsi qu’elles peuvent évoluer. Il ne sert à rien de se dire « ce n’est pas moi qui vais changer les choses » car dans ce cas personne ne fait rien et les choses n’avancent pas.  Le livre Vers la sobriété heureuse nous explique cela et bien d’autres choses encore. Pierre nous démontre que la modernité est une imposture, car nous sommes devenus, dans la société de consommation, d’éternels insatisfait. Nous ne vivons plus en harmonie avec la nature et nos vies sont le règne du stress et de l’angoisse. Nous n’avons jamais le temps de rien faire et nous sommes dépendants des nouvelles techniques de communication croyant que nous sommes ainsi intégrés dans la société alors que ceux-ci nous éloignent des autres au lieu de nous rapprocher. Face à « l’hypermarché de l’information » nous sommes perdus et ne savons plus où est la vérité. Nous avons oublié les bienfaits du silence.

« C’est sous l’inspiration d’une rationalité sans âme que s’est construit le monde actuel. Il est comme dépoétisé, propice à l’ennui et au désabusement ».

Bien sûr, Pierre ne prône pas que tous se retirent dans une grotte pour échapper au monde actuel mais il nous conseille de prendre conscience du monde dans lequel nous vivons et de ses travers, puis de faire tous des petits gestes pour que les choses changent.

« Seulement après que le dernier arbre aura été coupé, que la dernière rivière aura été empoisonnée, que le dernier poisson aura été capturé, alors seulement vous découvrirez que l’argent ne se mange pas. »

Le retour à la sobriété est très important car : « l’initiation à la modération est source de joie, car elle rend plus accessible la satisfaction, abolissant la frustration que produit le toujours plus, entretenue en permanence par une publicité au talent pernicieux, dont tous les enfants devraient être protégés ». D’ailleurs une phrase du livre en ce sens est très pertinente à mon goût : « Il ne suffit pas de se demander quelle planète laisserons nous à nos enfants mais il faut également se poser la question quels enfants laisserons-nous à notre planète ? »

Pierre nous parle de nombreux sujets dans ce livre, que je ne vais pas aborder tous ici mais j’ai été émue de voir que quelques réflexions que je me faisais à moi-même étaient abordées ici et développées. Ce livre élève le lecteur, il n’est absolument pas barbant et Pierre est un sage comme on n’en fait plus. 



La déesse des petites victoires, Yannick Grannec. Ce roman débute avec la mission confiée à l'employée d'un institut : récupérer les écrits du mathématicien Kurt Gödel (1906-1978) auprès de sa veuve. On découvre alors la vie de cet homme, très brillant mais souffrant de multiples troubles - en particulier de paranoïa aigüe. L'ouvrage est bien documenté et aborde des questions intéressantes comme la persécution des communistes sous le maccarthysme aux États Unis par exemple. Cependant, il y a parfois des passages un peu lourds pour les néophytes qui ralentissent quelque peu la lecture. 


Chibani, d'Ahmed Dich. L'ouvrage se lit rapidement. Il s'agit d'une discussion entre un marocain immigré de la première génération et un autre plus jeune, né en France. Les deux hommes abordent leurs modes de vie, leurs choix et échangent leurs idées et leurs points de vue. Ils s'apportent de l'aide mutuellement et c'est une belle rencontre, riche en émotions. 

 

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