Projet 2014: Spurenmacher et Capoeira

Spurenmacher est le nom allemand donné au projet par son porteur. 

Nous le traduirons par « traceur de sillons ». Selon Wikipédia, faire ou tracer son sillon, c’est faire l’ouvrage qu’on est tenu de faire ou qu’on s’est imposé l’obligation de faire chaque jour. Et ces actions sont elles-mêmes des empruntes qu’on laisse derrière soi. Comme la bibliothèque JCE créée en 2010 ou encore d’autres combats plus illustres menés par des hommes brillants malgré leurs conditions. La Capoeira en est une illustration!

Au programme : principalement des ateliers de Capoeira (cf. plus bas, pour savoir plus).
Sont également prévus : des forums de discussion et des actions pour encourager les enfants à la lecture
Le cadre de réalisation étant celui de la bibliothèque déjà mise en place par JCE au sein du CSSE, les activités de Tobi contribuent également à aider le bibliothécaire JCE, M. Yovo Franck, dans sa mission de re-susciter l’engouement des enfants pour la lecture.

Ce projet est avant tout d’un projet de solidarité,autrement dit un projet gagnant-gagnant. A la fois pour son porteur et ses bénéficiaires, ce que nous oublions souvent de mentionner quand nous pensons « aider les autres ». Car tout projet enrichit son porteur avant tout. En dehors de JCE et de Tobi, le CSSE et son personnel sont également engagés dans la mise en place du projet. Bien entendu, les activités sont ouvertes à tous les enfants du quartier.
Si vous souhaitez en savoir plus sur ce projet, contactez-nous jceamiens@gmail.com.

Tobi, le porteur de projet

Tobias Kratz alias Tobi nous vient de Bielefield, une petite ville entre Dortmund et Hannovre. Engagé depuis 17 ans, notre Allemand de 33 ans a déjà pas mal voyagé, entre ses séjours linguistiques ou associatifs au Brésil et ses projets humanitaires (dont 4 mois dans un orphelinat à Addis Abeba en Ethiopie).


Il s’est également rendu utile dans sa ville dans l’encadrement de jeunes dans une association locale ou comme formateur de Capoeira. Il sait donc de quoi il parle puisqu’il a commencé à apprendre cet art martial depuis ses 14 ans. De plus, il est ergothérapeute de formation (avec des stages en pédiatrie, orthopédie, thérapie occupationnelle etc.) Son leitmotiv : « Nur durch anpacken, kann man etwas bewegen » [on ne peut bouger les choses qu’en les prenant à bras-le-corps]

Tobias : « J'ai choisi le thème de " l'éducation " parce qu'il est aussi lié à mon travail. Puisqu’en premier lieu, j'ai l'intention de mettre en place une formation de Capoeira pour les jeunes, je vais devoir me servir de plusieurs procédés pédagogiques. Voilà pourquoi il est donc important pour moi une réflexion dans ce domaine
Dans le jeu de Capoeira (nous décrivons l'exercice de Capoeira non pas comme une lutte, mais comme un jeu), deux joueurs s'affrontent dans un dialogue physique. Tout comme dans un dialogue oral, il est important de donner une réponse appropriée à la question des autres, ou de poser une question spécifique en retour. Cette danse martiale afro-brésilienne combine plusieurs éléments tels que : le rythme, la danse et le contrôle du corps.

En raison de la richesse des activités dans la Capoeira, les participants ont une plus grande possibilité de découvrir leurs points forts et les développer. Je veux aider les enfants à trouver leurs talents et les promouvoir durant la période des cours. J'espère ainsi leur permettre de forger et exprimer leur estime de soi. Pour moi, le développement de l'estime de soi est très important pour accomplir les tâches quotidiennes avec une forte motivation. Voilà pourquoi j’en fais un point-clé, vraiment central, dans mon travail. À la fin du cours, le groupe devrait être en mesure de former ensemble un cercle de Capoeira, de jouer ensemble et d’accompagner le jeu avec de la musique. 
  
Ce projet, une bonne récréation vivifiante pour les enfants du quartier
Ceux qui ont déjà eu l’occasion de vivre dans les quartiers d’Avépozo savent que très peu de loisirs sont mis en place pour les jeunes. A la différence de la plupart des communes en France, à Avépozo, il n’y a ni cinéma, ni centre de loisirs ou autre lieu gratuit public destiné aux activités récréatives. Pour les plus grands, il y a bien sûr des bars et quelques lieux payants permettant d'échapper à la morosité quotidienne, mais la plupart des divertissements sont concentrés à Lomé. Ce qui nécessite donc d’avoir, en plus de quoi payer ses loisirs, des moyens de transport. 
Du coup, ces activités rigolotes à faire en groupe (et qui plus est, sont gratuites et permettent de discipliner le corps et l'esprit!) sont vraiment les bienvenues. La joie des enfants en est le premier témoin.


Découvrons la Capoeira grâce aux extraits du site du Routard :
(Pour plus d'informations, cliquez sur le lien)

Les origines de la Capoeira
En quelques points:
- Héritage africain, équilibre entre la danse et le combat, la capoeira est le fruit d’un mélange authentiquement brésilien.
- À l’origine, cette discipline brésilienne n’était pas du tout bien vue. Elle était même strictement interdite (probablement par les colons car c'était le rite des colonisés) et faisait l’objet d’une sévère répression.
- Une pratique vieille de cinq siècles qui allie force et beauté, grâce et souplesse, vitesse et ruse. Sous ses airs de danse populaire, la capoeira est aussi un art de combat redoutable.
- La capoeira apparaît au Brésil en 1537, avec la déportation par les colons portugais de milliers d’esclaves venus d’Angola pour travailler dans les champs de canne à sucre. 
- Les colons portugais dispersent les esclaves afin de mieux imposer leur autorité. Forcés d’apprendre le portugais, ils ne perdent pas pour autant leur identité, leurs rites et leurs coutumes. Leurs traditions culturelles se manifestent essentiellement par des danses, des chants, mais aussi des démonstrations de combat en cercle.  
- En dépit d’une répression féroce contre les capoeiristes, cet art martial continue d’être pratiqué et devient un véritable symbole révolutionnaire. Ce combat dansant incarne en effet la lutte du peuple afro-brésilien pour la liberté.

- L’esclavage est aboli en 1888, juste avant la proclamation de la République du Brésil en 1890. Pour autant, la répression des capoeiristes persiste comme pour toutes les autres traditions afro-brésiliennes. Les Noirs ont beau être libres, ils restent pauvres et vivent entassés dans les bidonvilles... Ils subissent le racisme des riches colons qui leur refusent l’accès aux emplois les plus gratifiants. La liberté a, pour eux, un goût amer. Démunis de tout, ils vont être livrés à eux-mêmes et leur unique issue devient alors la survie. 
- Le XXe siècle est le temps des grands maîtres capoeiristes. Ces derniers ont contribué à lutter contre la ségrégation raciale tout en légitimant la capoeira comme un art à part entière. C’est à Salvador de Bahia que s’ouvrent les premières académies officielles.
- Aujourd’hui, le Brésil garde les traces de la colonisation. La capoeira demeure souvent l’une des rares perspectives professionnelles pour un Noir. Le racisme, même s’il n’est pas officiel, est malheureusement encore très présent dans le pays. Un Afro-Brésilien n’a souvent de chance de grimper l’échelle sociale qu’en tant que footballeur, danseur de samba ou professeur de capoeira ! La fracture sociale est toujours béante...

Voilà un peu pour commencer. Renseignez-vous si vous souhaitez en savoir plus sur cette danse imprégnée de l'histoire et de la souffrance des Noirs. Que les élèves d'Avépozo (et nous aussi) allons découvrir grâce au projet Spurmacher... Merci Tobi!
  

Des extraits du site
Pourquoi enseigner la capoeira aux enfants ?
La capoeira Angola est une excellente activité pour les enfants : elle apprend la discipline et la sociabilité, stimule la sensibilité, développe la coordination motrice, contribue à l’épanouissement musical, encourage l’autonomie et suscite la curiosité par rapport à une autre culture. C’est un moyen de développement global de l’individu. 

On peut, grâce à elle, s’améliorer sur le plan physique, émotif, social, moral et spirituel. J’ai pu observer que la capoeira angola permet aux enfants de plus de trois ans de retrouver des postures de la petite enfance : ils se traînent, s’accroupissent, marchent sur les genoux ou à quatre pattes, se préparant à de nouvelles expériences corporelles. En cours, on travaillera des mouvements différents selon sa tranche d’âge. Tout enfant a la possibilité de développer et améliorer de nombreux talents. Quinze années d’expérience m’ont prouvé que l’utilisation d’un langage corporel et artistique de façon ludique est fondamentale pour une éducation réussie. Platon conseillait d’ailleurs la pratique de la musique et de la gymnastique pour rester en bonne santé. La capoeira est une activité qui réunit ces deux éléments, et permet de développer la sensibilité et l’estime de soi.

La principale caractéristique de la capoeira est la roda, elle en est la parfaite illustration. La roda (ronde en français) est la ronde que forment les capoeiristes lors des confrontations qui sont appelées « jeux ». Elle met en scène tous les aspects de la capoeira : l’aspect martial avec ses combats et l’aspect artistique avec les « floreios » (acrobaties), les chants et les instruments typiques de la capoeira. Le jeu symbolise le combat, l’expression corporelle et la conversation non verbale entre les deux partenaires. Cette ronde, qui délimite l’espace de jeu, sert surtout à créer une ambiance propice au spectacle. En effet, cette roda crée, par ses chants et ses rythmes brésiliens, une ambiance festive et chaleureuse qui « donne de l’énergie » aux capoeiristes qui s’affrontent au centre.

La philosophie de la capoeira angola dépasse la compétition sous de nombreux aspects, valorisant le respect de la tradition, le self control et la spiritualité de chacun. Fondée sur des origines africaines, la capoeira angola consiste à jouer avec un partenaire et non pas contre un adversaire. Les cours sont élaborés en fonction de la coopération et non pas de la compétition. On ne mesure pas le travail de chacun dans le but de récompenser les « meilleurs » et il n’existe ni championnat, ni de remise de prix. Les groupes d’élèves sont constitués de façon hétérogène car je pense que l’échange d’expériences diverses contribue à former la connaissance de soi et des autres.

 

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